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  • Photo du rédacteurMathieu Blanchard

Transalpine GoreTex Run 2017, une grande aventure en binôme

Dernière mise à jour : 20 avr. 2020

Alors que tous les yeux sont tournés vers l’Ultra-Trail du Mont-Blanc qui se termine aujourd’hui, une autre course impressionnante s’ébranle en Europe, et il y a une bonne raison de la surveiller, car avec mon amie Marianne Hogan, nous allons y participer !

Nous prendrons le départ dans la catégorie équipe mixte.

La Transalpine est une course par étape de sept jours qui nous mènera de Fischen im Allgäu, en Allemagne, jusqu’à Sulden en Italie, via l’Autriche et la Suisse. Ce ne sont pas moins de 270 km et 16 000 mètres de dénivelé positif qui nous attendent...

Courir en binôme.

Nous devrons apprendre à courir ensemble, au même rythme, avec tous les aléas que cela peut comporter. C’est une toute première pour nous ! Il sera intéressant de voir les façons dont on peut s’entraider. Outre l’aspect purement physique et mental de la course, gérer l’aspect social dans un cadre de dépassement, sera aussi quelque chose de nouveau.


Voici mon résumé au jour le jour

Et voilà, nous y sommes, à 2 jours de cette prestigieuse Transalpine, l'une des courses des plus difficiles et des plus spectaculaires au monde.

Quatre pays à traverser, 270km et 16 000m de dénivelé positif, un partenaire, une semaine - un rêve!


Pourquoi cours tu ?


Aujourd’hui, veille de course, la réponse sera d’avoir la chance de m’engager sur ce type d’expédition délirante grâce à mes deux p’tites jambes. Traverser ces magnifiques Alpes du nord vers le sud, explorer des paysages grandioses et partager une aventure avec quelques autres barjos. Voilà pourquoi je cours.

Probablement d'autres réponses à apporter après cette grande aventure, si nous parvenons à l'accomplir...


Vielle de course, le matériel obligatoire est prêt.

Etape 1, 42,7km, 2100m d+, temps : 3h57min. Fishen im Allgäu (Allemagne) > Lech (Autriche)


Après une chaleureuse cérémonie d’ouverture animée par quelques danses traditionnelles, et une mini nuit (le sommeil n’est pas venu, j’ai attaqué la série Games Of Thrones…pire idée), nous voilà partis ce matin sous une grosse pluie.


Cérémonie d'ouverture de la Transalpine 2017
Les derniers instants avant le grand départ

La course a d’abord serpenté le long des magnifiques rivières Iller et Stillach jusqu'au premier ravito à Renksteg km10. De là, nous avons grimpé la colline de saut à ski de Warmatsgund. Quelques parties plates et asphaltées, zone de force pour nous, ont permis de pousser pour prendre un peu d’avance. Nous avons ensuite grimpé un chemin très technique, à fleur de falaise, ponts métalliques, roches, immense précipice, glacier en backstage, on en prend plein les yeux ! Nous atteignons enfin le point culminant à la cabane de Mindelheimer Hütte (2013 m), avant de descendre à travers les prés ouverts vers Schrofenpass. C'est ici que nous traversons la frontière, comme des déserteurs de la WWII, de l'Allemagne à l’Autriche, et rejoignons le dernier ravito dans le village de Warth. Après avoir enjambé une rivière bleu turquoise, la dernière section technique nous conduit à travers les denses forêts de Larchwood jusqu'à l’arrivée.

On attrape la 1ere position de notre catégorie Mixte, YES !


Les batteries sont encore bien chargées, on est déjà impatient à demain.


Le premier départ sera très pluvieux
10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1... GO !
La team est bien soudée, c'est un bon départ.
Les terrains sont grandioses.
La neige et les hautes montagnes sont proches.
A flanc de falaise.

Etape 2 – 26,7km, 1915m d+, temps : 3h23. Lech (Autriche) > St-Anton (Autriche)


Cette deuxième étape traverse une grande partie de la célèbre région d'Arlberg, connu pour ses somptueuses stations de ski. La course débute d’entrée par un 1000m de d+ sur 5km : réveil en douceur avec encore le gout du café sur les papilles.


On se sent minuscule dans cette immensité montagneuse.

Arrivée à 2000m d’altitude nous entrons dans la zone enneigée, la course peu alors commencer pour les deux caribous du Québec habitués à jouer sur ce nuage blanc. Un peu plus haut, on se transformera finalement en pingouins maladroits sur glace, le sommet Rüfikopf est atteint (2 350 m d'altitude). Nous sommes ici entourés à 360 degrés par des immenses glaciers, respect et admiration ! Plus loin, nous passons juste en dessous du sommet Valfagehrjoch (2.543m). Enfin une descente abrupte, plein gaz, conclura cette journée dans les rues de Saint Anton.

Nous conservons notre 1ere position, un épisode de GOT et à demain.


Fin d'été, mais déjà les pieds dans la neige.
Récupération active!

Etape 3 – 44km, 2300 d+, temps : 4h50. St-Anton (Autriche) > Landeck (Autriche)

Voici le petit hymne de la course qui lance le départ chaque matin : "Keep on running while you're laying Keep on laughing while you're crying Keep on fighting while you're broken And you'll make it anyway"

Complètement mort ce soir, je n’ai plus la force d’écrire pour raconter cette étape, demain l'étape la plus longue nous attend, il faut se coucher tôt !


Ces jambes ne resteront pas propres bien longtemps.
Départ en force pour la team des Dindes.
Des montées très abruptes!
Nous n'avons pas encore adopté les bâtons, mais ils seront bientôt nécessaires pour traîner nos corps fatigués.
A la transalpine un binôme peut se transformer en quadrinôme, c'est magique.
Les traits des visages commencent à tirer, mais restent bien heureux.

Etape 4, 47km, 2950m d+, temps 5h59. Bienvenu en Suisse

Départ avec des jambes très courbaturées, être attaqué par un taureau, chercher l’oxygène à 3000m d’altitude, courir sur la glace et les roches coupantes, tomber, retomber, briser un bâton, s’émerveiller devant les lacs miroirs d’altitude, se faire suivre par une dinde, voilà un aperçu de la 4ème et plus longue étape de la semaine.

Grosse fatigue accumulée, on rentre dans cette zone de total inconnue…

Toujours en tête du classement, un petit coussin d’avance, mais rien n’est joué, 120km restants avant l’arrivée !



En tapant des mains, l'hymne se joue.
Conditions météos difficiles durant cette étape.
Miroir, mon beau miroir, dis moi qui est la plus belle?
Un regard sur notre droite, c'est irréel.
Le taureau à nos fesses, ne tardons pas trop.

Etape 5, 40km, 2300m d+, temps 4h59. Samnaun (Suisse) > Engadin Scuol (️Suisse)

L’étape d’hier a laissée des traces, énormément d’abandons. De notre côté ma dinde est tombée malade… Réveil très difficile, puis quelques soucis pour se ravitailler durant la course. Une chance que les paysages étaient des plus somptueux, faisant oublier nos maux. Un bref passage à 2800m au sommet Fuorcla Champatsch, un bol d’air dense, puis la grande descente vers le petit village de Scuol, ou le soleil nous attend pour une chaleureuse fin d’après-midi.


Talonnés par les autres équipes mixtes, ce fut un dur combat pour garder le lead.

Demain un 44km au petit déjeuner…un café avec ça ?


Mode Trail Running: ON
Les traits tirés, on a pris de l'âge!
Mathieu prend un peu d'avance dans la descente.
Mais la Dinde n'est jamais bien loin...
Le duo se reforme !
Les rituels post-course sont bien établis maintenant.

Etape 6, 46km, 1900m d+, temps 4h51. Scuol (️Suisse) > Prad (️Italie)


Depuis Scuol dans l'Unterengadin, la course nous mène à travers le canyon Uina : des tunnels et chemins creusés à fleur de falaise avec l’immense gorge en contre bas, spectaculaire ! Plus loin, nous aurons pour la première fois une vue sur le mont Ortler (3905m), au pied duquel se terminera la dernière étape. La route se poursuit via Jakobsweg jusqu'à Laatsch, puis nous atteignons enfin l’Italie Daï daï daï.

Mais...

Claqués, crevés, éreintés, exténués ... L'idée de jeter l’éponge sur le lead aujourd’hui est légèrement venue nous effleurer l'esprit. Puis comme au Vermont100 3 mois plus tôt, le remède fut de rentrer dans un positivisme mental, se féliciter, avoir de la gratitude pour les 247 km déjà parcourus, admirer le paysage, lâcher une blague... On sort les bâtons, on lève la tête et boom on pousse encore et encore ! L’arche de la délivrance finit toujours par apparaître après dur labeur.

Une dernière journée et non des moindres nous attend. Le boss final tentera d'abattre les derniers rescapés.

Une petite pensée à tous les copains qui courent Trail Harricana UTHC au Canada demain !


Stratégie de course de Mathieu... minimaliste.
Les yeux ont de plus en plus de mal pour s'ouvrirent.
Un immense canyon, passage dans des grottes creusées sur la falaise.
Tout au bout, l'Italie nous ouvre ses portes

Etape finale 7, 32km, 2600m d+, temps: 4h32, Prad (️Italie) > Sulden (️Italie)

On l’a fait ! 4 pays, 1 semaine, 270km, 16000mD+, 1 rêve ! La transalpine 2017.

Avec ma partenaire de choc, Marianne Hogan, nous avons fini ensemble, main dans la main, en prenant la première position du classement.

Des départs à l’aube avec des corps douloureux, une météo contrasté, des paysages majestueux qui se succèdent… Cette aventure a été une expérience de vie extraordinaire ! Rien ne se compare au sentiment de franchir une ligne d'arrivée. A la Transalpine, il est possible de multiplier ce sentiment par 7. Je félicite tous ces coureurs de 50 nationalités, pour leur accomplissement exceptionnel et je remercie l’équipe d’organisation qui a fait un travail immense.

Laissez-nous maintenant entrer en hibernation prématurée.

Ce sera donc le dernier départ.
Le duo se sert les coudes et les ailes
Passage en altitude, seule les roches subsistent ici.
On l'a fait, quelle joie !
Une dernière danse, "Marianne lève tes jambes!"


Pourquoi cours tu?

Aujourd’hui, il suffit de regarder toutes ces faces pleines d’émotions à l'arrivée pour comprendre. Du pur, du vrai, de l’authentique !







Énorme merci à la famille Salomon Running et particulièrement Philipp reiter pour son soutient durant la course.


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